Le début de la décennie marque l'implantation progressive de la vidéo, non seulement dans sa dimension artistique, mais également d'un point de vue sociologique. Elle devient un outil d'information et de communication entre individus et groupes d'individus : ce sont les premières expériences de réseaux locaux de diffusion.

                                - 1970 -
  A Montréal, naissance de plusieurs collectifs d'artistes, comme Véhicule, ayant pour vocation de présenter de nouvelles expressions, dont la performance et la vidéo. Création d'espaces alternatifs de production et d'exposition (A Space à Toronto, Western Front à Vancouver).

  Premier numéro de la revue Afterimage, publiée à New York.

  Willoughby Sharp crée à New York la revue Avalanche, consacrée aux activités d'avant-garde et essentiellement à l'art vidéo. Elle cessera de paraître en 1976.

  Création à Syracuse du Synapse Video Center, groupe de production et de diffusion de bandes vidéo (Gary Hill, Bill Viola, etc.).

  Création par Paul et Carole Roussopoulos du collectif vidéo parisien "Vidéo Out" dans le cadre de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris. La même année, "Vidéo Out" réalise sa première vidéo, Jean Genet parle d'Angela Davis, sorte de contre-télévision. Une série de réalisations militantes défendent la cause féministe et ouvrière (janvier).

  Création de groupes au Japon: Video Hiroba et Video Earth, par Ko Nakajima.

                                - 1971 -
  Exposition Propositions d'artistes pour un circuit fermé de télévision à la galerie Yellow Now de Liège. C'est la première véritable manifestation vidéo belge. Il s'agit d'un dispositif minimum, avec une caméra et un moniteur. Guy Jungblut invite une cinquantaine d'artistes à proposer une réflexion sur l'information. Parmi les artistes présentés : Jacques Lizène, Jacques-Louis Nyst et Jean-Pierre Ransonnet.

  Pour la première fois en Espagne (Galería Vandrés, Madrid) est présentée une installation composée de postes de télévision : Espacio (Acción / Interacción) / Space (Action / Interaction), réalisée par Antoni Muntadas, représentant de la première génération de plasticiens vidéastes espagnols.

  Création du Kitchen Center for Video, Music, Performance and Dance à New York, par Steina et Woody Vasulka : il présente, produit et distribue des travaux d'artistes, notamment ceux des vidéastes.

  Création par Howard Wise de Electronic Arts Intermix, qui subventionne d'autres organisations telles que le Kitchen Center et le Festival annuel d'avant-garde de New York pour la présentation et la recherche en vidéo, en tant que médium d'expression personnelle et de communication. En 1973, service de distribution de bandes vidéo d'artistes.
  Exposition Electronic Art III à la galerie Bonino de New York. Présentation du synthétiseur Paik / Abe.

  L'Everson Museum de Syracuse, sous l'impulsion de son conservateur David Ross, inaugure le premier Département d'art vidéo créé dans un musée.

  Création du collectif vidéo parisien "Vidéo 00", par Anne Couteau et Yvonne Mignot-Lefebvre. Ce collectif, composé d'une dizaine de sympathisants de gauche, devient un terrain de défense des minorités (immigrés, ouvriers...).
  Pour la première fois, Gina Pane se fait filmer par une caméra vidéo afin de conserver les traces de l'action Nourriture / Actualités TV / Feu dans un appartement parisien.

  La télévision écossaise retransmet dix oeuvres du vidéaste David Hall : l'émission s'intitule "TV Interruptions" et est le premier exemple d'émission artistique à la télévision britannique.
Pays-Bas
  Le Lijnbanncentrum de Rotterdam ouvre un studio vidéo produisant des documentaires et des bandes éducatives. Il propose des bandes d'artistes hollandais (Van Elk, Ben d'Armagnac, Jan Dibbets) et américains (Terry Fox, Dan Graham, Dennis Oppenheim, notamment).

- 1972 -
  Daniel Buren conçoit le projet d'une installation vidéo avant la fermeture de la "TV Gallery" de Gerry Schum à Dusseldorf : Recouvrement-effacement - à Venise en 1973 et à Florence en 1974 - sera dédié à Gerry Schum.

  Première apparition de "l'art vidéo" au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, avec une performance - installation vidéo de William Wegman dans le cadre d'une exposition de groupe intitulée Onze Artistes de la West Coast.

  Fred Forest commence des interventions à la télévision (2e chaîne). Il diffuse "une minute de blanc" au milieu des informations de Télé Midi (janvier).
Gina Pane utilise elle-même une caméra vidéo afin de filmer la réaction des spectateurs lors de l'action Le Lait chaud dans un appartement parisien.
Le Vidéogazette, un atelier de production et de diffusion vidéo locales, se met en place à Grenoble (septembre).

  La Gallery House de Londres présente 60 TV, première installation vidéo de David Hall et Tony Sinden, dans le cadre de l'exposition A Survey of the Avant-Garde in Britain (objets, performances, films, oeuvres conceptuelles).

                                - 1973 -
  Ouverture de la Vidéothèque de Berlin (bandes vidéo de Hans Hodicke, Rebecca Horn, Taka Iimura, Wolf Kahlen, Allan Kaprow, Wolf Vostell).

  Première exposition majeure en Autriche consacrée à la vidéo, Trigon : Audiovisuelle Botschaften, Biennale organisée par l'Autriche, l'Italie et la Yougoslavie, a lieu à Graz. Travaux d'artistes autrichiens, italiens et yougoslaves, rétrospective de vidéos américaines, ateliers vidéo.
Etats-Unis

  L'Everson Museum of Art de Syracuse présente Circuit : A Video Invitational, exposition itinérante regroupant les travaux vidéo de 65 artistes.

  A New York, dans le laboratoire de recherche de WNET-TV, Nam June Paik réalise Global Groove, bande réalisée à partir d'images de la télévision grâce au synthétiseur Paik / Abe.

  Maria Gloria Biccochi fonde Art / Tapes / 22 à Florence. Il s'agit d'un centre de production et de distribution de vidéos d'artistes, non seulement en Europe, mais aussi aux Etats-Unis et au Japon.

  Toshio Matsumoto réalise Mona Lisa, première oeuvre japonaise à utiliser le synthétiseur Scanimate.

                                - 1974 -
  Exposition Expmtl 5 à Knokke : cinquième compétition internationale du film expérimental avec, dans la section vidéo, Peter Campus, Wendy Clark, Ed Emschwiller, Nam June Paik (TV Buddha), Woody et Steina Vasulka, entre autres (25 décembre 1974 - 2 janvier 1975).

  L'Anthology Film Archives de New York, premier musée du film fondé en 1970 par Jonas Mekas, ouvre sa collection aux oeuvres vidéo.

Art / Vidéo Confrontation 74 à l'ARC, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, première grande expositionen France- organisée par l'ARC 2 et le CNAAV (Centre National pour l'Animation Audio-Visuelle) - à montrer des bandes et installations vidéo d'artistes américains et canadiens, prêtées par le Centre culturel américain et le Centre culturel canadien, et à produire des bandes vidéo d'artistes français : Roland Baladi, Christian Boltanski (Quelques souvenirs de jeunesse), Bernard Borgeaud, Robert Cahen, Paul-Armand Gette, Françoise Janicot, Bertrand Lavier, Léa Lublin, Gina Pane, Martial Raysse (Lotel des folles fatmas), Bernard Teyssèdre, Tomek, Nil Yalter. Le synthétiseur vidéo Movicolor, mis au point à l'ORTF en 1973, est mis à la disposition du public (8 novembre - 8 décembre).
                               
                                - 1976 -
  Rétrospectives consacrée à Nam June Paik.

  Premier numéro de la revue Videography, revue consacrée américaine entièrement à la vidéo.

                                - 1977 -
  La 6e documenta de Cassel (Friedericianum Museum) montre Numéro deux de Jean-Luc Godard (1975), ainsi qu'une vidéo de Fred Forest réalisée avec Jean-Philippe Butaud (expérience menée avec les pensionnaires d'une maison de retraite en 1973). Cette édition, placée sous le thème "Art et média", présente des performances et vidéos, dont la Freie Internationale Universität de Joseph Beuys. Rétrospective de bandes vidéo et d'installations de plus de 40 artistes américains, sélectionnés par Wulf Herzogenrath. Certaines bandes - celles de Paik, Beuys et Douglas Davis (The Last Nine Minutes) - sont retransmises par satellite aux Etats-Unis (juillet -septembre).

  Etablissement des deux premiers et plus importants ateliers au Danemark: le Danish Video Workshop à Haderslev et le Danish Film Workshop à Copenhague, tous deux financés par le Danish Film Institute. Ils mettent du matériel à disposition des personnes qui veulent s'exprimer à travers le film et la vidéo.

                                - 1978 -
  Exposition internationale en Grande-Bretagne (Video Art' 78 à la Herbert Art Gallery and Museum, à Coventry): installations, performances, bandes et films organisée par Steve Partridge, avec des travaux de Kevin Atherton, Roger Barnard, Lindsay Bryfton, David Crichley, Keith Frake, David Hall, Brian Hoey, Tamara Krikorian, Stuart Marshall, Alex Meigh, Marceline Mori et Steve Partridge. Artistes européens et américains présents : Marina Abramovic, Nan Hoover, Friederike Pezold, Ulrike Rosenbach, Bill Viola, Peter Weibel, entre autres.

                                - 1979 -
Aspen Project est l'un des tout premiers vidéodisques interactifs, créé par le Media Lab du Massachusetts Institute of Technology (MIT) : il simule les rues et bâtiments de la ville d'Aspen, dans le Colorado, de telle sorte qu'on peut se déplacer virtuellement à travers la ville en prenant différents itinéraires.
Création du Département vidéo au Musée national d'art moderne, Centre Georges Pompidou, à Paris. Collection d'oeuvres vidéo internationales réunies par Christine Van Assche.

(source: http://www.newmedia-arts.org/francais/histoire.htm)