La
vidéo en tant qu'expression artistique naît,
au début de la décennie, de la rencontre
de plasticiens, d'ingénieurs et de directeurs de
chaînes de télévision : ils recherchent
de nouvelles possibilités d'utilisation du médium
vidéo.
En
1959, dans le cahier de notes de George Brecht,
on trouve l'ébauche d'une "television piece",
assemblage de neuf téléviseurs en marche,
formant ce qu'on appellerait aujourd'hui un mur vidéo.
-1962-
Nam June Paik, invité
par le studio de musique expérimentale du Westdeutscher
Rundfunk de Cologne, entreprend de faire des expériences
avec des tubes cathodiques de téléviseur
et avec les possibilités de modulation de l'image
électronique (été).
-1963-
Nam June Paik
présente ses premières expériences
sur les images dans une galerie. Nam June Paik pose sur
le sol, parmi beaucoup d'autres objets, treize téléviseurs
préparés pour la distorsion d'images dans
un esprit digne des événements Fluxus. Rétrospectivement,
on fait débuter l'art vidéo à
cet "événement".
-1964-
Diffusion
du premier programme comportant un traitement expérimental
de l'image aux Etats-Unis.
-1965-
TV Chair, sculpture
vidéo de Nam June Paik, est présentée
au 3e Festival annuel d'avant-garde de New York.
Premier festival de "New Cinema" à la
Cinémathèque de New York (bandes vidéo
de Nam June Paik et Charlotte Moorman).
Bénéficiant d'une Bourse de la Fondation
Rockefeller, Nam June Paik achète l'un des premiers
portapack de Sony mis sur le marché américain.
Les Levine, qui est l'un des premiers, avec
Nam June Paik, à travailler avec
le portapack, réalise sa première bande
vidéo : Bum. Dès 1966, il réalisera
une des premières installations en circuit fermé
à utiliser le décalage temporel, le spectateur
se voyant avec cinq secondes de retard.
Jean-Christophe Averty réalise deux
pièces de théâtre mises en image noir
et blanc, avec trucages.
-1966-
Création de la Société
de production "Vidéo" par Jean-Christophe
Averty, avec Igor Barrère, François
Chatel, Pierre Tchernia et Alexandre Tarta (mars).
-1967-
Aldo Tambellini
ouvre à New York le Black Gate, premier "Electromedia
Theater", où il organise des diffusions et
réalise des environnements-actions intégrant
la vidéo.
Création de l'atelier expérimental de la
chaîne KQED-TV de San Francisco, sous la double
impulsion de Brice Howard et Paul
Kaufman et grâce à la Bourse de la
Fondation Rockefeller.
Le portapack 1 / 2 pouce, noir et blanc, est
vendu par la firme Sony dans le circuit commercial français
(son apparition aux Etats-Unis date de 1965).
-1968-
Création à
Dusseldorf de la première "TV Gallery"
de Gerry Schum.
Première exposition comportant de l'art
vidéo organisée par Pontus Hulten
au Museum of Modern Art de New York : La Machine à
faire de l'âge mécanique, à laquelle
participe Nam June Paik.
Création du GRI (Groupe de Recherche
Image) à l'ORTF, sous la direction de Pierre
Schaeffer. Mise au point du "truqueur universel"
par Francis Coupigny. Celui-ci est utilisé
par Martial Raysse, Peter Foldès
et Jean-Paul Cassagnac, pour des essais
de colorisation de l'image vidéo à partir
d'images en noir et blanc.
La Télévision française
commande à Jean-Luc Godard Le Gai
Savoir. Il sera tourné en studio en décembre
1967 et monté après Mai 68. En déconstruisant
la structure narrative traditionnelle du cinéma,
Jean-Luc Godard explore ses capacités
critiques et éducatives. Son discours étant
jugé trop subversif, le film ne sera jamais diffusé.
La vidéo devient un outil supplémentaire
(facilités de tournage et de montage) pour les
cinéastes militants. Jean-Luc Godard et
Chris Marker manipulent les premières caméras
Sony 2100 1 / 2 pouce noir et blanc pour réaliser
des tracts bruts qui seront diffusés sous la forme
d'un magazine de "contre-culture" intitulé
Vidéo 5 dans la librairie de François Maspéro.
-1969-
Création, à
Darmstadt, du groupe vidéo Telewissen, qui a pour
devise : "Do your own TV."
Martial Raysse tourne, avec l'aide de la
chaîne allemande ZDF, Camembert Martial extra-doux.
Il se sert du "truqueur universel" de Francis
Coupigny. Tourné initialement en vidéo,
Camembert Martial
sera transféré ultérieurement
sur un support film.
Peu après avoir ouvert à Berlin la "TV
Gallery", Gerry Schum inaugure à
Dusseldorf "Videogalerie", première galerie
vidéo européenne.
A New York, John Reilly et Rudi
Stern créent l'association Global Village,
lieu de vidéo collective qui explore la vidéo
comme ressource culturelle, éducative, communautaire
et artistique. Le groupe met à disposition ses
techniciens et son matériel. L'association Global
Village est subventionnée par la Municipalité
de New York et la Fondation Rockefeller. Chaque semaine,
Global Village diffuse 10 heures de programmes sur les
chaînes publiques de New York.
La fin de la
décennie voit la création de collectifs
vidéo militants, de groupes d'action et d'ateliers
de recherche à New York et San Francisco (Televisonary
Associated, Alternate Media Center, Open Channel, Media
Bus). Des organisations militantes et de quartier se servent
de la vidéo comme moyen de communication et de
revendication (Viet Nam Veterans Against the War, Gay
Activist Alliance, Environmental Protection Administration,
etc.).
(source:
http://www.newmedia-arts.org/francais/histoire.htm) |