Jean-Christophe Averty est un cinéaste, réalisateur
et producteur d'émissions de télévision non conformiste,
et un grand collectionneur de jazz. Dans les années 40, il
suit des études de sciences humaines et de cinéma.A
partir de 1946, il fréquente les surréalistes au Café
de la Place Blanche, notamment André Breton, et rencontre des
artistes majeurs de la modernité, dont Jacques Prévert,
Jean Cocteau (sur le tournage de La Belle et la Bête), Salvador
Dali (1965), Marcel Duchamp (1966), Orson Welles (1967).
Passionné de jazz, Jean-Christophe
Averty joue du piano dans les clubs de jazz parisiens dans les années
50 et voyage en Nouvelle-Orléans en 1958-59 où il
interviewe les grandes personnalités du jazz. Il organise
des concerts avec les plus grands artistes, écrit sur le
jazz et collectionne plus de 30 000 disques et rouleaux de musique
et environ 40 000 partitions. Sa passion le conduit à réaliser
des émissions radiodiffusées sur France-Culture à
partir de 1974 et sur France-Musique depuis 1978, et à constituer
des archives télévisuelles très importantes
sur le jazz par des reportages - notamment sur les festivals de
jazz annuels d'Antibes et de Nice.
Cinéaste, il réalise
des documentaires; des courts-métrages et clôt son
parcours cinématographique en 1971 avec un long métrage
: Un beau ténébreux, d'après Julien Gracq.
Il entre à la télévision
en 1952, puis devient en 1956 réalisateur et crée
en 1966 une maison de production Vidéo 5 avec Igor Barrère,
Pierre Tchernia, Alexandre Tarta et François Chatel. [...]
Le nombre considérable d'émissions réalisées
par Jean-Christophe Averty à partir de 1958 montre qu'il
aborde à la fois des genres très différents
tels que le reportage (sport, mode, concerts), les débats,
les variétés, les divertissements, les émissions
pour les enfants (les marionnettes de Martin et Martine), les concerts
de jazz, la comédie musicale, la mise en scène de
pièces de théâtre et l'adaptation de romans
(1958, 1ère adaptation).
Il est un créateur atypique
et inclassable. Sa démarche se distingue d'une part de celles
des artistes plasticiens, et d'autre part de la télévision
qui n'a pas été le lieu de la création attendue.
Il répond à cet idéal par des émissions
(Les raisins verts), qui montrent une fine observation de la réalité
socio-culturelle et de sa représentation critique et humoristique,
par des procédés où dominent l'esprit et l'humour
surréalistes et pataphysiques, dont il revendique la filiation.
Son parti pris unique, audacieux et
passionné l'oriente vers la mise en scène de textes,
choisis dans une frange de la culture non populaire (Lautréamont,
Alfred Jarry, Raymond Roussel, etc.). Pour les décors et
la création d'images il a recours aux oeuvres d'art. Elles
font l'objet de collages - qu'il réalise en grand nombre
avec ses collaborateurs - ou sont fragmentées et mises en
mouvement, comme Le Grand Verre de Marcel Duchamp dans l'adaptation
du Surmâle (1980) d'Alfred Jarry.
Il crée un théâtre
électronique qui renouvelle le statut du théâtre
et de l'acteur. Dans Ubu Roi ou Les Polonais il développe
avec la technique du kinescope (utilisée de 1954 au milieu
des années 60) un espace spécifique au médium,
marqué par le noir et blanc de l'époque, le travail
graphique et le collage. Avec l'arrivée de la
couleur son travail évoluera davantage vers l'incrustation
: d'une mise en scène où l'enregistrement du jeu des
acteurs est inséré dans un décor en carton
coloré (Impression d'Afrique, 1977) à un travail plus
radical d'incrustation de fragments de corps dans des objets et
des éléments graphiques (Le Désir attrapé
par la queue, 1988). Il s'est démarqué comme "le
pionnier du trucage électronique à la télévision.
Non seulement parce qu'il le pratique systématiquement dans
ses émissions depuis le début, plus qu'aucun autre
réalisateur, mais parce que les procédés eux-mêmes
ont été développés pour satisfaire son
imagination".
Thérèse Beyler
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