Jean-Christophe Averty
Né en 1928 à Paris (France)

 
  Jean-Christophe Averty est un cinéaste, réalisateur et producteur d'émissions de télévision non conformiste, et un grand collectionneur de jazz. Dans les années 40, il suit des études de sciences humaines et de cinéma.
A partir de 1946, il fréquente les surréalistes au Café de la Place Blanche, notamment André Breton, et rencontre des artistes majeurs de la modernité, dont Jacques Prévert, Jean Cocteau (sur le tournage de La Belle et la Bête), Salvador Dali (1965), Marcel Duchamp (1966), Orson Welles (1967).

  Passionné de jazz, Jean-Christophe Averty joue du piano dans les clubs de jazz parisiens dans les années 50 et voyage en Nouvelle-Orléans en 1958-59 où il interviewe les grandes personnalités du jazz. Il organise des concerts avec les plus grands artistes, écrit sur le jazz et collectionne plus de 30 000 disques et rouleaux de musique et environ 40 000 partitions. Sa passion le conduit à réaliser des émissions radiodiffusées sur France-Culture à partir de 1974 et sur France-Musique depuis 1978, et à constituer des archives télévisuelles très importantes sur le jazz par des reportages - notamment sur les festivals de jazz annuels d'Antibes et de Nice.

  Cinéaste, il réalise des documentaires; des courts-métrages et clôt son parcours cinématographique en 1971 avec un long métrage : Un beau ténébreux, d'après Julien Gracq. Il entre à la télévision en 1952, puis devient en 1956 réalisateur et crée en 1966 une maison de production Vidéo 5 avec Igor Barrère, Pierre Tchernia, Alexandre Tarta et François Chatel. [...]
   Le nombre considérable d'émissions réalisées par Jean-Christophe Averty à partir de 1958 montre qu'il aborde à la fois des genres très différents tels que le reportage (sport, mode, concerts), les débats, les variétés, les divertissements, les émissions pour les enfants (les marionnettes de Martin et Martine), les concerts de jazz, la comédie musicale, la mise en scène de pièces de théâtre et l'adaptation de romans (1958, 1ère adaptation).

  Il est un créateur atypique et inclassable. Sa démarche se distingue d'une part de celles des artistes plasticiens, et d'autre part de la télévision qui n'a pas été le lieu de la création attendue. Il répond à cet idéal par des émissions (Les raisins verts), qui montrent une fine observation de la réalité socio-culturelle et de sa représentation critique et humoristique, par des procédés où dominent l'esprit et l'humour surréalistes et pataphysiques, dont il revendique la filiation. Son parti pris unique, audacieux et passionné l'oriente vers la mise en scène de textes, choisis dans une frange de la culture non populaire (Lautréamont, Alfred Jarry, Raymond Roussel, etc.). Pour les décors et la création d'images il a recours aux oeuvres d'art. Elles font l'objet de collages - qu'il réalise en grand nombre avec ses collaborateurs - ou sont fragmentées et mises en mouvement, comme Le Grand Verre de Marcel Duchamp dans l'adaptation du Surmâle (1980) d'Alfred Jarry.
  
Il crée un théâtre électronique qui renouvelle le statut du théâtre et de l'acteur. Dans Ubu Roi ou Les Polonais il développe avec la technique du kinescope (utilisée de 1954 au milieu des années 60) un espace spécifique au médium, marqué par le noir et blanc de l'époque, le travail graphique et le collage.   Avec l'arrivée de la couleur son travail évoluera davantage vers l'incrustation : d'une mise en scène où l'enregistrement du jeu des acteurs est inséré dans un décor en carton coloré (Impression d'Afrique, 1977) à un travail plus radical d'incrustation de fragments de corps dans des objets et des éléments graphiques (Le Désir attrapé par la queue, 1988). Il s'est démarqué comme "le pionnier du trucage électronique à la télévision. Non seulement parce qu'il le pratique systématiquement dans ses émissions depuis le début, plus qu'aucun autre réalisateur, mais parce que les procédés eux-mêmes ont été développés pour satisfaire son imagination".

Thérèse Beyler


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