Pipilotti Rist

“Les messages véhiculés sur le mode émotionnel et sensuel peuvent briser plus de préjugés et d’habitudes que des dizaines de pamphlets et de traités intellectuels.”

Née en 1962 à Grabs (Suisse)

Pipilotti a suivi des études de graphisme et de photographie à la Hochschule für Angewandte Kunst à Vienne (Autriche) et à la Schule für Gestaltung de Bâle (Suisse). Elle travaille comme artiste et musicienne à Zurich, avec pour domaines de prédilection la vidéo et l’informatique.

Productrice, réalisatrice et souvent protagoniste de ses vidéos, Pipilotti accorde beaucoup d’importance à l’indépendance du processus de production artistique; c’est la raison de son choix pour la vidéo et les techniques numériques contre le film traditionnel. Ses bandes vidéo ont été présentées dans de nombreux festivals et musées en Suisse et à l’étranger, et ont été diffusées sur des chaînes de télévision. En 1992, la présentation de sa vidéo Pickelporno aux Journées du film suisse de Soleure (Suisse) a été le tournant de sa jeune carrière. Elle a depuis enchaîné les expositions collectives et personnelles prestigieuses, avec entre autres la Biennale de Sao Paulo (Brésil) en 1994, la Biennale de Lyon en 1997, et celle de Venise en 1999, au cours de laquelle elle a reçu lle “Premio 2000”.

L’usage de la vidéo dans le sens d’une critique des médias ou d’une réflexion phénoménologique n’est pas du tout l’orientation de Pipilotti, qui s’intéresse à la télévision en tant que joyau de la culture pop. Elle se situe radicalement après MacLuhan et Nam June Paik, en plein dans le village global. Dans ses environnements monumentaux, elle tire parti des potentiels graphiques et sonores de la télévision, les considère comme parties d’un ensemble d’ambiance fait de design, de mode, de sculptures et de projections, sans oublier l’omniprésence de la musique, qui plongent le spectateur dans des environnements où il perd ses repères.

Pipilotti Rist s’attache à des problématiques très contemporaines, notamment à la différence des sexes, à l’identité, à la féminité et à la culture du divertissement.Bien qu’elle joue elle-même dans plusieurs de ses vidéos, elle ne s’identifie pas à tous les coups avec ses artefacts, mais garde une distance ironique, à la fois rebelle et coquette. L’identité de l’artiste en tant que femme n’est pas jouée sur le mode tragique, mais est vue sous le mode performatif, souvent traduite par l’utilisation de la voix et du chant, avec un mélange tout à fait spécifique de travestissement, de rapport ludique aux machines et de sens de la provocation humoristique.
Pipilotti fonctionne en imbriquant toujours son propre personnage à ses oeuvres, en mêlant création et discours promotionnel, en assumant pleinement son statut de personnage public.

Elle compose elle-même ses musiques, souvent en réinterprétant des airs connus (de John Lennon à Chris Isaak); elle utilise une multiplicité d’objets quotidiens (vêtements, sacs à main, meubles), et conçoit ses oeuvres comme des clips, colorés, vifs, souvent drôles, parfois aggressifs, bref avec autant d’efficacité que le font les créateurs commerciaux.La différence, c’est l’introduction systématique d’éléments de dérapage, comme les rayures, les barres de balayage, les couleurs violentes et baveuses, les flous et les tremblés dans l’image, la saturation et les dissonances pour les bandes-son: ce décalage est, selon Pipilotti, l’espace possible pour l’émergence du poétique


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